Courtet + Solaure + Clamontard : 1ères fois par Céline » jeu. 10 mai 2018 17:33
Alors voilà, pour que vive ce forum, ma modeste contribution au fil des Récits de vol.
Sam a placé la barre bien haut. Je n’ai pas la prétention de témoigner aussi joliement que lui et puis mes vols sont carrément plus brefs et courts, mais y a de la matière à animer le fil peut-être.
Alors voilà le témoignage de premières fois, celles où tu te sens bien sous ta voile et où tu découvres, tu expérimentes, tu tentes, tu montes, tu avances, tu montes, tu avances tout en écoutant les conseils et expériences des pilotes aguerris que ton cerveau fait remonter (« faut bien bien faire le plein avant de bouger », « va jusqu’au nuage », « ne rentre pas dans le nuage », « dégage quand c’est trop inconfortable pour toi », « garde toujours une porte de sortie », « suis les oiseaux », « ton avenir est sous tes pieds », « observe les autres voiles », « suis ton intuition » !).
Tout commence samedi ; ce jour là, je découvre Courtet sur les conseils des vertébrés des Mouettes rieuses. 3 vols, tous différents. Vent météo prévu quasi nul donc on va jouer avec les brises et les thermiques. Ciel très instable, les nuages, plutôt en Est, allument et éteignent la masse d’air au gré de leur passage devant le soleil.
13h15, 1er vol de reconnaissance, en local-local, je joue à chasser du thermique péteux de printemps pour prendre de la hauteur et découvrir les reliefs d’en haut. Impressionnée alors que je n’ai pas dépassé les crêtes de Courtet… Quelle univers que le vallon des Ruines ! Je me pose à l’atterro officiel après 45 minutes de bonheur.
16h15, après une grignotte, 2ème vol plouffy sous un ciel bâché… Fallait atteeendre Céline ! Bref, c’est comme ça, c’était bien aussi : un déco, un atterro et de la chasse à l’ascenseur infructueuse.
18h30, on remonte chercher les voitures, et là, sur le parking, on est plus de chauffeurs que de vésicules (ok Manu, je te dois les droits d’auteur) ! Y a bien un jeune qui tente sa chance pour descendre en volant pendant que nous on descend sa caisse, mais j’ai encore le couteau entre les dents et une féroce envie de voler ! Je l’éconduis directement. Au déco, les manches sont d’accord entre elles pour une fois, bien alimentées. Je me prépare tranquillou, convaincue que ça va le faire. Moral au top (t’as raison Sam, c’est essentiel). Laurence et Philippe restent jusqu’à mon déco. Merci les copaings d’avoir descendu les taxis, parce que ce 3ème vol c’était de la régalade pour moi !!!
Je sors par la droite du déco, direction les faces Ouest. Le soleil est passé sous les nuages, les falaises chauffent, ça devrait donner. Bingo : ascenseur direct jusqu’aux nuages ! Yesss ! Et en plus doit y avoir une sorte de restit’ ou chai pô quoi parce qu’en ligne droite, le vario bipe en continu ( ou alors c’était les nuages qui pompaient en continu ?). Je me fais le 1er thermique dans la combe juste à droite du déco. Je monte, je monte, je sens la température qui baisse, je vois la neige, j’entends la cascade qui chante au fond, je suis au nuage. Mais faut pas y rentrer, parce que même si je suis seule à cette heure, je ne connais pas le site, les reliefs, tout ça. Donc je reste à la base, juste assez pour entendre le doux bruit des fines goutellettes d’eau sur mon blouson. Magique… Je suis bien au dessus de ces crêtes qui me narguaient le matin ! C’est bon çaaa ! Allez, avec le jus que j’ai pris, je peux aller me promener plus loin. Je vise la crête suivante. Et la suivante. Ho et puis je crois bien que je peux aller plus loin encore. Allez, si je passe ce col où doit bien avoir un peu de confluence (col de la brêche), je peux tirer jusqu’au dôme au fond… Et voilààà ! Une quasi-ligne droite jusqu’au Châtel en 20 minutes ! C’est déjà le bonheur ! Mais peut-être qu’avant de poser, vu que je suis là, je peux aller dire bonsoir à l’Obiou ?! Demi-tour, bip bip bip, houlaaa : il est caché dans les nuages. Trop incertain pour moi. Et puis à la base des nuages, ça boulègue pas mal et je me suis déjà bien régalée. Je prends de la distance par rapport au relief et aux gros nuages, direction la vallée. Le soleil couchant donne une autre dimension à la forêt, aux champs. Je dois être à plus de 2000m puisque j’étais bien au dessus du Châtel (et non, pas d’altimètre à bord). Je vois l’autre côté des crêtes, y a un lac, des sommets qui s’enchaînent, c’est bluffant… Je savoure. Et sur le retour, après avoir perdu suffisamment d’altitude pour être confort, un dernier tour au dessus des crêtes de Courtet pour imprimer le chemin parcour, au dessus des cascades pour faire le plein du bruit de l’eau glaciale, puis de la forêt pour me délecter du chant des oiseaux, jouer avec l’air au dessus des arbres, retour atterro où m’attendait ma chauffe. Le bonheur !
Samedi soir, message whatsapp de Freddy pour monter à Solaure le lendemain à 9h30. Très bien pour Laurence et moi, justement on venait d’étudier les prévi et on hésitait. C’est le signe : feugo !
Dimanche matin, météo-whatsapp annonce que le Diois est bâché… Rhooo… Mais on y croit alors on passe le Col de Cabre et on arrive en même temps que le soleil. Repérage de l’atterro officiel ( ça va être le 1er Solaure de Laurence !) et à 2 voitures on monte. Dans la voiture, « alors, vous allez où vous ? » moi : »je prends du gaz, je fais le plafond et je saute sur les avant-reliefs du Glandasse avant le rallier le Vercors, LOL » ; Freddy, « mmm, pas sûr que ça fasse de ce côté aujourd’hui… reLOL ») On arrive au déco et là, la manche s’affaisse, tourne sur elle même dans un mouvement de mollassonne pas engageant… Pis le ciel se rebâche. Pffff… Mais là encore, gros moral et conviction. Y en a des qui hésitent, d’autres qui grognent, moi j’y crois, je me prépare et je me dis que la trouée dans le ciel qu’on voit là-bas, elle va arriver jusqu’à nous et nous offrir des créneaux ! Freddy y croit aussi. C’est un signe Et puis mes moniteurs m’ont toujours dit : « Tant qu’à y être, tiens toi prête, comme ça tu peux te jeter quand la porte s’ouvre »
Et c’est exactement ce qui s’est passé. Le ciel s’est ouvert, les thermiques se sont gentiment installés et les créneaux de se confirmer. Alors hop, j’ai fait le fusible (je l’ai dit, c’était le week-end des 1ères fois) et me voilà à grignoter du thermique. Je suis partie à gauche du déco, côté où ça chauffe en 1er me suis-je dit. Ils étaient là, juste devant, pas encore au relief. Et hop, régalade. Je chercher plus dans la grande combe à gauche en face de Pont deQuart, mais c’est pas mieux. Je reviens en direction du déco et je reprends. Les thermiques me décalent vers le plateau mais je fais bien attention à ne pas me faire emporter et à rester à portée de la sortie. Et petit à petit (« Patience, travaille, ça va payer ») d’un thermique à l’autre, les barbules ! Ahhh, le doux bruit des gouttelettes sur le blouson, c’est délicieux… Et une route de barbules se dessinent au dessus des crêtes ! Allez, je tente ! Je vais travailler les falaises à côté de l’ancien déco, au bout du plateau. Bip-bip, d’un nuage à l’autre, c’est grisant, je me sens vivante ! Et sous un nuage plus gros, plus loin, une voile qui s’était échappée ! Go go go ! Contrôle radio avec Freddy pour m’assurer que mon plan est safe. « Oui oui, j’y vais aussi ! » Et là on se trouve à 3 voiles, parfois visibles, parfois non… Je fais un dernier plein en sécurité et je vise l’antenne de Pennes. Ho purée, l’antenne de Pennes ! Non mais c’est super ! Céline tu passes au dessus de l’antenne !!! L’innocence de la débutante ^^ M’enfin l’antenne est là et ça ne bipe plus… Il faut que je remonte, il me faut une pompe… Là, une barbule, et là un genre de col, ça devrait confluer, ça doit monter. Au pire, je peux m’extraire et aller me vâcher, j’ai répéré des champs au bout de la forêt. En finesse, ça passe même si je me fais appuyer. Allez, j’avance et bip-bip-bip, youhouuu ! Je refais le plein jusqu’au nuage et je vois une groupe de vautours plus loin, plus haut, vers Poyols. D’ailleurs y en à 3 en dessous de moi qui pompent le même thermique. Attention, vigilance ! Freddy : « je vais rejoindre les copains à Clam ! » Moi : « ok, je continue un peu la crête et je vous rejoins ». Je finis d’enrouler le thermique et je me dirige vers les vautours. Mais là, contrée ! Je mets un peu d’accélo mais sans effet. Tant pis, il a l’air d’être trop gros pour moi aujourd’hui. Je me suis déjà bien fait plaisir. Je suis encore au dessus des crêtes et je transite vers Clamontard. Et là j’ai perdu une altitude incroyable. Je suis arrivée au niveau du déco delta, à peine plus haute que le déco actuel ! Impressionnant. Un petit tour à droite du déco pour essayer de reprendre sur le versant qui a chauffé mais les orages annoncés se précisent, la masse d’air est perturbée, les plumes d’ailes s’agitent, les lacs de Luc sont irrisés, je décide d’aller poser. Perte d’altitude avec un vario qui bipe, c’est rigolo. Je me laisse porter par la masse d’air, je laisse faire et construis une approche sécure sans être incisive. Je vis !
Au sol, le groupe des Voler mieux du week-end avec Yassine. Je les salue à peine (mes excuses au passage), je suis encore dans les nuages, mal aux joues à force de sourire, le cœur empli d’un bien-être immense ! <3
Alors certes, j’ai plus que 10 fois moins de bornes que notre expatrié helvète, l’aventure est bien moins engagée et impressionnante que celles que les cadors du club vivent régulièrement, mais cette première fois là, c’était grande joie pour moi ! Et une joie, ça se partage aussi ! Alors voilà.
Merci aux chauffeurs de navettes, et à Mimi et Antonia qui nous ont restaurés malgré l’heure espagnole !